En septembre dernier était lancée Naolib, la marque unique de mobilité de la métropole nantaise, dont la Semitan est chargée de la mise en oeuvre (lire notre dossier spécial dans "Transport & vous"n°6 ici). Mais au-delà de l’arrivée de la nouvelle marque et des premiers outils qui l’accompagnent (site internet Naolib et centre de relation clients), l’entreprise assure depuis 4 ans la mission de coordinateur des mobilités pour le compte de Nantes Métropole.
Dans le cadre de sa délégation de service public 2019-2025, la Semitan assure une triple mission d’exploitant du réseau de transport en commun, de mandataire pour l’étude, le développement et la rénovation du réseau, et de coordinateur des mobilités. « La coordination des mobilités est une nouvelle responsabilité pour la Semitan depuis 2019 », explique Olivier Le Grontec, directeur général de la Semitan. « Pour réduire la part modale de la voiture et répondre aux objectifs de la métropole en la matière (27% d’autosolisme en 2030 contre 43% en 2015*), les transports en commun sont une partie de la solution, mais ils doivent être pensés en complémentarité avec les autres modes. C’est tout l’enjeu de cette mission de coordination, pour laquelle tous les services de la Semitan sont en ordre de marche, et qui s’incarne concrètement avec le déploiement de Naolib ».
Le rôle de la Semitan : simplifier l’accès à toutes les mobilités
En tant que coordinateur des mobilités dans l’agglomération, la Semitan assure un rôle d’intermédiaire entre les différents opérateurs (regroupés sous le même étendard Naolib) : NGE et EFFIA pour le stationnement, Bicloo pour le vélo partagé ou la location longue durée, les services de covoiturage et de voiture partagée, sans oublier bien sûr l’offre en transports en commun assurée par la Semitan elle-même. Depuis 2019, des comités stratégiques sont organisés sous la houlette de Nantes Métropole, avec la Semitan, pour tendre vers une meilleure coordination des différentes mobilités. « L’enjeu est de taille, la mobilité est un droit essentiel et plus l’éventail proposé est large, plus les citoyens auront des solutions pour se déplacer avec un impact environnemental réduit », rappelle Pascale Guilbaud, directrice commerciale à la
Informer et conseiller, jusqu’au sur-mesure Pour cela, le site Naolib centralise les informations sur les différents modes, avec même la possibilité de conseils personnalisés promulgués par les conseillers en mobilité d’Allo Naolib. J’habite à Orvault, je travaille dans le centre-ville de Nantes, comment arriver à la première station de tramway sans prendre ma voiture et n’est-il pas préférable que je termine mon trajet à pied ? Et le week-end, si j’ai besoin d’aller en ville, existe-t-il un parcours ou service plus adéquat, sachant que j’ai des courses volumineuses à effectuer ? Autant de situations particulières, qui nécessitent des réponses adaptées, lesquelles seront encore facilitées à partir de 2025 avec la création du compte mobilité. Il sera alors possible, en plus de se renseigner sur son itinéraire, d’acheter un titre de transport en commun, d’utiliser un parking ou un vélo en libre-service avec une même application. Une nouvelle étape décisive dans le développement de la coordination des mobilités dans l’agglomération. Et un nouveau défi pour la Semitan, qui implique la direction des systèmes d’information et la direction commerciale.
*Objectif fixé dans le cadre du Plan de Déplacement Urbain de Nantes Métropole.
Multimodalité vs intermodalité
Marche, vélo, transports en commun, voiture (partagée ou en covoiturage)… La coordination des mobilités consiste à valoriser la pluralité des modes de transport, laquelle peut s’incarner de plusieurs manières. Par multimodalité, on entend la possibilité pour une personne de changer de mode de transport en fonction des jours : par exemple prendre habituellement le vélo, et préférer le tramway par temps pluvieux. L’intermodalité consiste, elle, à utiliser successivement plusieurs modes de transport sur un même trajet : par exemple la voiture puis le tramway, puis la marche à pied pour se rendre sur son lieu de travail. La gestion de l’intermodalité constitue un enjeu majeur pour la Semitan dans le cadre de sa mission de coordination des mobilités, notamment pour les nombreux citoyens qui habitent loin de leur lieu de travail, dans des zones pas assez denses pour être desservies par les transports en commun.
« Le futur de la mobilité sera intermodal »
Interview de Jean Coldefy, expert des questions de mobilité, directeur du programme mobilité 3.0 d'ATEC ITS France et conseiller auprès de Transdev.
Quels sont les grands enjeux de la mobilité en milieu urbain pour les années à venir ?
La mobilité des personnes est confrontée à une redoutable équation : la décarbonation puisque la voiture représente 16% des émissions de la France et que la mobilité est le seul secteur dont les émissions n’ont pas baissé depuis 30 ans ; l’équité sociale puisque se déplacer c’est aller travailler, étudier, se nourrir, se soigner, se divertir, se rencontrer ; et l’efficience qui passe par l’optimisation les transports publics. Semitan. « Plusieurs critères rentrent en compte, à commencer par le lieu d’habitation, qui font que tous les usagers ne peuvent pas emprunter les transports en commun tous les jours, par exemple pour se rendre sur leur lieu de travail. Notre mission consiste donc, dans un premier temps, à renseigner sur les différentes possibilités qui s’offrent à chacun, en fonction des situations particulières. »
La géographie des émissions montre que les déplacements depuis le périurbain vers les agglomérations constituent l’essentiel des émissions de la voiture avec les déplacements longue distance. Les déplacements au sein des centres-villes ne pèsent pas grand-chose parce qu’on y a déjà déployé les alternatives efficaces à la voiture. Il faudrait donc plus d’offres de transports publics entre périurbain et agglomérations. C’est le grand enjeu de la décennie qui s’ouvre !
Comment réussir à mixer harmonieusement les modes de déplacements ?
Le futur de la mobilité sera intermodal, notamment pour les déplacements longs du quotidien, essentiellement les liens domicile/travail, soit l’immense majorité des kilomètres parcourus : je prends ma voiture ou un vélo, j’ai un parc-relais (sécurisé pour le vélo), puis je prends un car express ou un TER (s’il y en a) et je termine à pied, en vélo ou en transport en commun urbain. Pour y parvenir, il faut construire des infrastructures, redéployer les moyens là où sont les besoins et simplifier l’accès aux services via le numérique. C’est un travail de longue haleine, que des autorités organisatrices de la mobilité comme Nantes Métropole et la Semitan entreprennent avec succès et pragmatisme, mais la route est encore longue.
Vous travaillez à un projet d'une meilleure utilisation de la DATA avec la Semitan et Orange. Pouvez-vous nous en dire plus ?
Cela part d’un constat : nous connaissons mal les origines destinations et les temporalités des déplacements en voiture. Le travail initié par Transcité avec Transdev, en partenariat avec des universitaires de rang mondial et Orange, constitue une véritable rupture en utilisant les données de la téléphonie mobile. Ces données, massives, permettent de connaître la répartition de la population sur tout le territoire quasiment à tout instant. On peut reconstituer les destinations d’origines, connaître les flux au sein d’une journée, d’une semaine, d’un mois. On va analyser l’impact pérenne du Covid et demain celui des politiques de mobilité et d’aménagement. Objectif : mieux caler l’offre de transports publics, du vélo et du transport à demande sur la demande. Nantes et sa grande région urbaine seront un des premiers cas d’application de la démarche qui, je le répète, constitue une véritable rupture dans la connaissance des mobilités.